En Suède règnent le plein emploi et la « règle d'or »
Le Premier ministre a trouvé son modèle à Stockholm, qui affiche des comptes équilibrés... en couronnes.
Lors de sa conférence de presse, le président de la République
s'est bien gardé de définir un projet de société. Le «redressement» du
pays étant déjà, à ses yeux, une tâche bien assez lourde à mener. Son
premier ministre, lui, se montre bien plus audacieux. Voilà une
répartition des rôles qui ne correspond pas aux stéréotypes médiatiques.
Le 6 novembre, lors de sa présentation du «pacte de compétitivité»,
Jean-Marc Ayrault s'est ainsi livré à une discrète digression sur le
«modèle» auquel il rêve d'aboutir. Ceux qui imaginent une préférence
pour l'Allemagne de la part d'un germaniste seront déçus.
Foin des réformes type Hartz, qui ont paupérisé les salariés. «Pour doter enfin notre pays d'une stratégie claire dans la mondialisation, explique-t-il, nous devons nous inspirer des réformes conduites par nos partenaires européens, notamment les Scandinaves, qui ont su se réformer avec succès en profondeur pour conforter leur modèle social ambitieux, relancer leur économie et faire reculer le chômage.» Dans cet élogieux portrait, on aura reconnu le paisible royaume de Suède.
Foin des réformes type Hartz, qui ont paupérisé les salariés. «Pour doter enfin notre pays d'une stratégie claire dans la mondialisation, explique-t-il, nous devons nous inspirer des réformes conduites par nos partenaires européens, notamment les Scandinaves, qui ont su se réformer avec succès en profondeur pour conforter leur modèle social ambitieux, relancer leur économie et faire reculer le chômage.» Dans cet élogieux portrait, on aura reconnu le paisible royaume de Suède.
Le modèle qui marche ?
Effectivement, la Suède fait rêver les économistes. La pays a
traversé jusqu'à présent la crise sans quasiment en sentir les effets.
C'est le pays du plein-emploi, des hauts salaires et des comptes publics
à l'équilibre, sinon en excédent. Le néolibéral Jean-Marc Daniel (1)
fait un éloge appuyé des réformes menées entre 1993 et 1999, par des
gouvernements conservateurs ou socio-démocrates, avec notamment
l'adhésion du pays à l'Union européenne, qui a «ouvert» la Suède au
marché mondial.
Le pays a réussi son «insertion dans le marché mondial» en occupant un créneau dans le domaine de l'industrie de qualité, grâce à une main-d'œuvre très flexible et très bien formée. La Suède, qui n'était pas loin de réaliser le socialisme sur Terre avec des dépenses publiques représentant 72 % du PIB, adopte, à l'occasion d'une récession terrible, une série de réformes dont une «règle d'or» budgétaire la contraignant à dégager des excédents structurels de 2 % du PIB, permettant d'amortir les récessions. Ensuite, la croissance soutenue du secteur privé a permis de réduire les dépenses publiques à 53 % de la richesse nationale, comme en France.
Le pays a réussi son «insertion dans le marché mondial» en occupant un créneau dans le domaine de l'industrie de qualité, grâce à une main-d'œuvre très flexible et très bien formée. La Suède, qui n'était pas loin de réaliser le socialisme sur Terre avec des dépenses publiques représentant 72 % du PIB, adopte, à l'occasion d'une récession terrible, une série de réformes dont une «règle d'or» budgétaire la contraignant à dégager des excédents structurels de 2 % du PIB, permettant d'amortir les récessions. Ensuite, la croissance soutenue du secteur privé a permis de réduire les dépenses publiques à 53 % de la richesse nationale, comme en France.
Ou un piège pour la gauche ?
Quant elle croît, tout va bien mais, quand elle faiblit, les revenus des retraités baissent... Mais c'est surtout la refonte complète de l'Etat qui pose un problème quand on envisage l'adaptation de ce modèle à la France : la plupart des services publics sont livrés à la concurrence, depuis les transports jusqu'à l'éducation. L'introduction du très libéral système du «chèque parental» a permis l'éclosion de 994 écoles «indépendantes», en fait privatisées, gérées par 550 opérateurs qui vont de l'association de parents à la société cotée...
Les téléspectateurs qui ont regardé l'émission «Le Monde d'après» sur France 3, présentée par Franz-Olivier Giesbert, ont pu voir comment les établissements se font concurrence sur le recrutement des meilleurs élèves, accentuant les différences sociales. Et c'est un des traits du modèle «néosuédois» : les inégalités de fortune et de revenu, certes très réduites, ont progressé régulièrement, permettant l'apparition d'une classe de riches, au royaume le plus égalitaire de la planète (2). Et c'est sans doute ce qui plaît tant chez les libéraux !

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